Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/121

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Dans le monde vivant même variété !
Le contraste surtout en fera la beauté.
Un même lieu voit l’aigle et la mouche légère,
Les oiseaux du climat, la caille passagère,
L’ours à la masse informe et le léger chevreuil,
Et la lente tortue et le vif écureuil ;
L’animal recouvert de son épaisse croûte,
Celui dont la coquille est arrondie en voûte ;
L’écaille du serpent, et celle du poisson,
Le poil uni du rat, les dards du hérisson ;
Le nautile, sur l’eau dirigeant sa gondole ;
La grue, au haut des airs naviguant sans boussole ;
Le perroquet, le singe, imitateurs adroits,
L’un des gestes de l’homme et l’autre de sa voix ;
Les peuples casaniers, les races vagabondes ;
L’équivoque habitant de la terre et des ondes,
Et les oiseaux rameurs, et les poissons ailés.
Vous-mêmes dans ces lieux vous serez appelés,
Vous le dernier degré de cette grande échelle,
Vous, insectes sans nombre, ou volans ou sans aile,
Qui rampez dans les champs, sucez les arbrisseaux,
Tourbillonnez dans l’air, ou jouez sur les eaux.
Là je place le ver, la nymphe, la chenille ;
Son fils, beau parvenu, honteux de sa famille ;
L’insecte de tout rang et de toutes couleurs,
L’habitant de la fange, et les hôtes des fleurs ;