Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/122

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Et ceux qui, se creusant un plus secret asile,
Des tumeurs d’une feuille ont fait leur domicile ;
Le ver rongeur des fruits, et le ver assassin,
En rubans animés vivant dans notre sein.
J’y veux voir de nos murs la tapissière agile,
La mouche qui bâtit, et la mouche qui file ;
Ceux qui d’un fil doré composent leur tombeau,
Ceux dont l’amour dans l’ombre allume le flambeau ;
L’insecte dont un an borne la destinée ;
Celui qui naît, jouit et meurt dans la journée,
Et dont la vie au moins n’a pas d’instans perdus.
Vous tous, dans l’univers en foule répandus,
Dont les races sans fin, sans fin se renouvellent,
Insectes, paroissez, vos cartons vous appellent.
Venez avec l’éclat de vos riches habits,
Vos aigrettes, vos fleurs, vos perles, vos rubis,
Et ces fourreaux brillans, et ces étuis fidèles,
Dont l’écaille défend la gaze de vos ailes ;
Ces prismes, ces miroirs, savamment travaillés ;
Ces yeux qu’avec tant d’art la nature a taillés,
Les uns semés sur vous en brillans microscopes,
D’autres se déployant en de longs télescopes.
Montrez-moi ces fuseaux, ces tarrières, ces dards,
Armes de vos combats, instrumens de vos arts,
Et les filets prudens de ces longues antennes,
Qui sondent devant vous les routes incertaines.