Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/124

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Et lorsque vous quittez enfin votre retraite,
Combien des souvenirs l’illusion secrète
Des campagnes pour vous embellit le tableau !
Là votre œil découvrit un insecte nouveau ;
Ici la mer, couvrant ou quittant son rivage,
Vous fit don d’un fucus, ou d’un beau coquillage :
Là sortit de la mine un riche échantillon ;
Ici, nouveau pour vous, un brillant papillon
Fut surpris sur ces fleurs, et votre main avide
De son règne incomplet courut remplir le vide.
Vous marchez : vos trésors, vos plaisirs sont partout.
Cependant arrangez ces trésors avec goût ;
Que dans tous vos cartons un ordre heureux réside.
Qu’à vos compartimens avec grâce préside
La propreté, l’aimable et simple propreté,
Qui donne un air d’éclat même à la pauvreté.
Surtout des animaux consultez l’habitude ;
Conservez à chacun son air, son attitude,
Son maintien, son regard. Que l’oiseau semble encor,
Perché sur son rameau, méditer son essor.
Avec son air fripon montrez-nous la belette
A la mine allongée, à la taille fluette ;
Et, sournois dans son air, rusé dans son regard,
Qu’un projet d’embuscade occupe le renard.
Que la nature enfin soit partout embellie,
Et même après la mort y ressemble à la vie.