Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/32

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des ouvrages qui font le plus d’honneur à la langue française, et je ne sais si Boileau lui-même eût osé traduire les Géorgiques. » « Rempli de la lecture des Géorgiques de l’abbé Delille, je sens tout le mérite de la difficulté si heureusement surmontée, et je pense qu’on ne peut faire plus d’honneur à Virgile et à la nation. » On voit combien ce grand homme étoit loin de confondre cette traduction avec celle d’un roman, d’une histoire, ou même de tout autre poëme, quel qu’il puisse être : c’est qu’il sentoit mieux qu’un autre, combien étoit indigente dans ce genre cette langue dont il disoit avec tant d’esprit : « C’est une gueuse fière, à qui il faut faire l’aumône malgré elle. »

Ce qui peut servir encore à prouver combien cette traduction étoit difficile, c’est que M. De Pompignan, comme me l’avoit prédit l’illustre fils de Racine, y a complétement échoué. La version qu’il en a publiée est imprimée depuis plusieurs années, et à peine en connoît-on l’existence. Cependant il s’en faut de beaucoup que ce poëte mérite le mépris que lui a prodigué M De Voltaire ; et sa tragédie de Didon, et