Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

On revoit les beaux jours avec ce vif transport
Qu’inspire un tendre ami dont on pleuroit la mort :
Leur départ, quoique triste, à jouir nous invite ;
Ce sont les doux adieux d’un ami qui nous quitte ;
Chaque instant qu’il accorde on aime à le saisir,
Et le regret lui-même augmente le plaisir.
Majestueux été, pardonne à mon silence !
J’admire ton éclat, mais crains ta violence,
Et je n’aime à te voir qu’en de plus doux instans,
Avec l’air de l’automne, ou les traits du printemps.
Que dis-je ? Ah ! Si tes jours fatiguent la nature,
Que tes nuits ont de charme, et quelle fraîcheur pure
Vient remplacer des cieux le brûlant appareil !
Combien l’œil, fatigué des pompes du soleil,
Aime à voir de la nuit la modeste courrière
Revêtir mollement de sa pâle lumière,
Et le sein des vallons, et le front des coteaux ;
Se glisser dans les bois, et trembler dans les eaux !
L’hiver, je l’avoûrai, je suis l’ami des villes :
Là des charmes ravis aux campagnes fertiles,
Grâce au pinceau flatteur, aux sons harmonieux,
L’image frappe encor mon oreille et mes yeux ;
Et j’aime à comparer, dans ce portrait fidèle,
Le peintre à la nature et l’image au modèle.
Si pourtant dans les champs l’hiver retient mes pas,
L’hiver a ses beautés. Que j’aime et des frimats