Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous donc à qui des champs la joie est étrangère,
Ah ! Faites-y le bien, et les champs vont vous plaire.
Le bonheur dans les champs a besoin de bonté.
Tout se perd dans le bruit d’une vaste cité ;
Mais au sein des hameaux le château, la chaumière,
Et l’oisive opulence et l’active misère,
Nous offrent de plus près leur contraste affligeant,
Et contre l’homme heureux soulèvent l’indigent.
Alors vient la bonté qui désarme l’envie,
Rend ses droits au malheur, l’équilibre à la vie,
Corrige les saisons, laisse à l’infortuné
Quelques épis du champ par ses mains sillonné,
Comble enfin par ses dons cet utile intervalle
Que met entre les rangs la fortune inégale.
Et ! Dans quels lieux le ciel, mieux qu’au séjour des champs,
Nous instruit-il d’exemple aux généreux penchans ?
De bienfaits mutuels voyez vivre le monde.
Ce champ nourrit le bœuf, et le bœuf le féconde ;
L’arbre suce la terre, et ses rameaux flétris
A leur sol maternel vont mêler leurs débris ;
Les monts rendent leurs eaux à la terre arrosée ;
L’onde rafraîchit l’air, l’air s’épanche en rosée :
Tout donne et tout reçoit, tout jouit et tout sert.
Les cœurs durs troublent seuls ce sublime concert.
L’un, si du dé fatal la chance fut perfide,
Parcourt tout son domaine en exacteur avide ;