Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/70

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Plus loin, non sans frayeur dans les airs suspendue,
Eglé monte et descend sur la corde tendue :
Zéphir vient se jouer dans ses flottans habits,
Et la pudeur craintive en arrange les plis.
Ailleurs s’ouvre un long cirque, où des boules rivales
Poursuivent vers le but leurs courses inégales,
Et leur fil à la main, des experts à genoux
Mesurent la distance et décident des coups.
Ici, sans employer l’élastique raquette,
La main jette la balle et la main la rejette.
Là, d’agiles rivaux sentent battre leur cœur ;
Tout part, un cri lointain a nommé le vainqueur.
Plus loin, un bois roulant de la main qui le guide
S’élance, cherche, atteint, dans sa course rapide,
Ces cônes alignés, qu’il renverse en son cours,
Et qui, toujours tombant, se redressent toujours ;
Quelquefois, de leurs rangs parcourant l’intervalle,
Il hésite, il prélude à leur chute fatale ;
Il les menace tous, aucun n’a succombé ;
Enfin il se décide, et le neuf est tombé.
Et vous, archers adroits, prenez le trait rapide ;
Un pigeon est le but. L’un de l’oiseau timide
Effleure le plumage, un autre rompt ses nœuds ;
L’autre le suit de l’œil, et l’atteint dans les cieux.
L’oiseau tourne dans l’air sur son aile sanglante,
Et rapporte, en tombant, la flèche triomphante.