Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/81

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Soignez bien les enfans, choisissez bien les mères,
Changez ou maintenez les mœurs héréditaires.
À ceux dont nos climats reçoivent les tributs
Ajoutez, s’il se peut, d’étrangères tribus.
Mais toujours sur les lieux réglez votre industrie.
Ne contraignez jamais à quitter leur patrie
Ceux qui, féconds ailleurs, semblent, pour vous punir,
Refuser de s’aimer, refuser de s’unir,
Ou qui, dégénérant de leur antique race,
De leurs traits primitifs perdent bientôt la trace.
À cet oiseau parleur, que sa triste beauté
Ne dédommage pas de sa captivité,
Je préfère celui qui, né dans nos campagnes,
À son nid, ses amours, ses chants et ses compagnes.
Et qui ne connoît point le pouvoir des climats ?
Le tigre parmi nous ne se reproduit pas :
Le lion, dont le sang incessamment bouillonne,
Dédaigne sous nos toits l’amour de la lionne :
Les chiens de nos climats, sujets aux mêmes lois,
Perdent chez l’africain et leur poil et leur voix ;
Et, sans lait pour son fils, la mère européenne
Le remet dans l’Asie à la femme indienne.
Faites donc votre choix : ceux de qui les penchans
Se font à votre ciel, se plaisent à vos champs,
Adoptez-les. Ainsi des rochers de la Suisse
S’unit à nos taureaux la féconde génisse,