Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/82

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Et, pendue aux buissons de ce coteau riant,
La chèvre aventurière a quitté l’Orient.
Là le bélier anglois paît la verte campagne ;
Là la brebis d’Afrique et le mouton d’Espagne
De leur belle toison traînent le riche poids.
Ici le coursier barbe est errant dans vos bois ;
Là bondit d’Albion la cavale superbe,
Tandis que ses enfans qui folâtrent sur l’herbe,
Se cherchant, se fuyant, se défiant entr’eux,
De leur course rivale entrelassent les jeux.
Aspects délicieux ! Perspectives charmantes !
Quelle scène est égale à ces scènes mouvantes,
À ces rians tableaux ? Oh ! De mes derniers jours
Si le ciel à mon choix avoit laissé le cours,
Oui, je l’avoue, après l’aimable poésie
L’utile agriculture eût exercé ma vie.
Est-il un soin plus doux ? Calme, mais occupé,
C’est là qu’en ses désirs le sage est peu trompé.
Autour de ses jardins, de ses flottantes gerbes,
De ses riches vergers, de ses troupeaux superbes,
L’espoir au front riant se promène avec lui.
Il voit ses jeunes ceps embrasser leur appui :
Sur le fruit qui mûrit, sur la fleur près d’éclore,
Il court interroger le lever de l’aurore,
Les vapeurs du midi, les nuages du soir.
L’inquiétude même assaisonne l’espoir,