Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/84

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Voyez-vous, au midi, de ce sol montueux
Le soleil échauffer les rocs infructueux ?
Venez, que tardez-vous ? Par un triomphe utile
Changez ce sol ingrat en un terrain fertile ;
Et pour planter le cep sur ces coteaux vaincus,
Que Mars prête en riant ses foudres à Bacchus !
De ces apprêts guerriers la montagne s’étonne :
Le feu court dans ses flancs ; ils s’ouvrent ; le ciel tonne,
Et des rocs déchirés avec un long fracas
Les débris dispersés s’envolent en éclats.
Le pampre verdoyant aussitôt les remplace,
Et rit aux mêmes lieux que hérissoit leur masse.
Bientôt un doux nectar, par vos travaux acquis,
Vous semble encor plus doux sur un terrain conquis ;
Vos amis avec vous partagent la conquête,
Et leur brillante orgie en célèbre la fête.
Ailleurs c’est un coteau dont le terrain mouvant,
Entraîné par les eaux, emporté par le vent,
N’offre à l’œil attristé qu’une stérile arène.
Eh bien ! Ces lieux encor vous paîront votre peine,
Si, d’un sol indigent fécond réparateur,
De son terrain nouveau votre art est créateur.
Ainsi, cette île altière, ouvrage d’une autre île ;
Ce rocher héroïque, en hauts faits si fertile,
Qui voit fumer de loin le sommet de l’Etna,
Malte, emprunta son sol aux campagnes d’Enna :