Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/85

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Ainsi loin d’elle encor la Sicile est féconde.
La terre de Cérès, en voyageant sur l’onde,
Vint couvrir ces rochers ; et leur maigre terrain,
Qui suffisoit à peine à l’humble romarin,
Vit naître à force d’art, sur sa côte brûlante,
Le melon savoureux, la figue succulente,
Et ces raisins ambrés qui parfument les airs,
Et l’arbre aux pommes d’or, aux rameaux toujours verts.
Les lauriers seuls sembloient y croître sans culture.
Thétis avec plaisir réfléchit leur verdure,
Et ce roc, par l’été dévoré si long-temps,
Eut enfin son automne et connut le printemps.
Imitez, s’il se peut, cette heureuse industrie.
Le terrain qu’a perdu cette côte appauvrie,
Reprenez-le aux vallons ; que la fécondité
Vienne couvrir des rocs la triste nudité.
Mais quand l’onde et les vents vont lui livrer la guerre,
Que partout d’humbles murs soutiennent cette terre !
Ô riant Gemenos ! ô vallon fortuné !
Tel j’ai vu ton coteau, de pampres couronné,
Que la figue chérit, que l’olive idolâtre,
Etendre en verts gradins son riche amphithéâtre ;
Et la terre, par l’homme apportée à grands frais,
D’un sol enfant de l’art étaler les bienfaits.
Lieu charmant ! Trop heureux qui dans ta belle plaine,
Où l’hiver indulgent attiédit son haleine,