Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/100

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Enfin, sept heures, quelques lignes de Thülow qui m’annonce sa visite pour le soir. Tout retombe dans le calme ; la crise est finie. Je suis à la fois content et déçu. Il me semble que je n’ai pas dit mon mot. Ne l’ai-je pas dit ? Je dois être satisfait puisque tout s’accorde avec le souhait que j’ai fortement exprimé devant tous.

Dîner de famille. Huit convives. Mon fils a un air triomphant qui lui va bien. Il exagère sa lippe, sous le prétexte que c’est impérial. Ce n’est pas un empereur, cet enfant. Mais il serait extraordinaire à la tête d’une armée.

À dix heures, Thülow n’est pas venu ? Il se fait excuser. Une migraine le visite.

À dix heures et demie, un mot qui me fouette le sang. Il y a un gros incident balkanique qui peut se restreindre au foyer de la guerre orientale, à moins qu’un-petit événement ne provoque l’embrasement général.

À onze heures, ce télégramme :

— La Russie mobilise.

Voilà qui est fait : dans quelques heures une grande guerre rapide et décisive sabrera l’Europe. Demain les journaux de Berlin publieront tous, par ordre, de longs articles, célébrant le bonheur d’une paix que rien ne troublera !