Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/99

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universel, mais rien n’est moins prouvé. On dit que l’Angleterre se confie aveuglément à la routine de ses succès et que c’est un pays voué à la paresse et à la décadence ; mais les Anglais le disent aussi haut que nous. Ils mentent.

De la France, il faut tout craindre, puisque ses idées ont pu redevenir si violemment tricolores sous prétexte de je ne sais quel Maroc.

Non. Il ne faut pas attendre. La paix stratégique de l’industrie n’est pas une arme sûre, et nous devons préférer, avec sa formidable incertitude et tous ses dangers, le grand va-tout.

Midi. Je déjeune devant ma carte.

Un mot de Thülow ; rien.

Les heures sont longues. Où allons-nous ? Qu’est-ce qui se détend, qu’est-ce qui se rompt pendant ce silence ?

Des heures vaines, des heures sans nouvelles. Je tiens à être seul, et je suis très seul tout le jour.

Six heures ; le soir ; une série de mots de Schmeinecht, puis de Thülow, et encore de Schmeinecht. Des contradictions, de la nervosité, trop d’adresse surtout. Ils ont l’air de ruser avec moi. Donc, tout n’est pas dit, puisqu’on en est encore à jouer. Jouons. Ce n’est pas intéressant. Je lis des phrases signées : Schmeinecht, que Thülow a dictées, ou le contraire.