Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/103

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arrivée à Berlin. Heimann a-t-il oublié mes ordres ? Quel imbécile ! J’aurais fait sa fortune à ce garçon-là. Il n’a pas quarante ans, je le tirais de cette espèce de vie servile qu’il tolère, et je le transformerais en grand officier de ceci ou de cela.

On l’exilera. Je suis trop bon et tous ces gens abusent de ma faiblesse. Il manque à mon autorité quelques exécutions caractéristiques. Ils n’ont pas vu couler leur sang et s’imaginent qu’ils n’ont qu’à se laisser engraisser indéfiniment.

Il faudrait faire un cadavre de ce Heimann. Qui croirait qu’avec son air si doux, si gentil, si bête enfin, il était capable de trahison ?

Il obéit peut-être. Qui commande ? Thülow encore, toujours. Ah ! mettre Thülow, au mur, les yeux ouverts, face à douze fusils !…

J’y songerai.

Demain, je vais cravacher toutes les inerties qui m’entourent. Demain, je montrerai qui je suis.

Demain, il faut trouver Misaine et lui parler. Rien de plus facile, puisqu’elle est à Berlin et qu’il suffit de lui faire porter un message pour l’avoir ici une heure après.

Voilà. Pourquoi tant de fièvre ? Et des coups dans ma tête, des coups terribles, à croire qu’il y a du monde là-dedans qui se débat, ou que