Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/23

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— Mon Dieu… Si…

— Hein ?

— Oh ! il est inoffensif, dit Claude. Si tu le voyais… Mais tu le verras…

— Au fait, dit Anna, je n’ai pas promis de le cacher au point de…

— Quel mystère ? Qui est-ce donc ?

— Il m’a été confié par mon ami le docteur Bamblin, le grand spécialiste de Berne. Il m’a demandé de veiller sur lui assidûment, de le soigner avec, si possible, du génie, enfin de ne pas m’occuper de lui. Je ne pouvais refuser. Il est ici depuis deux mois.

— Il guérit ?

— Je crains qu’on ne doive l’enfermer quelque jour. Je me demande si sa manie ne va pas tourner à la bestialité ?

— Nabuchodonosor, quoi ! dit Claude.

— Comment s’appelle-t-il ? demandai-je.

— Les amis qui l’ont amené et qui ont loué pour eux une villa ici près, m’ont dit de l’appeler Schmidt. Ce n’est pas son nom.

— Vous savez son nom, Anna ?

— Je l’ai su. Je ne puis le dire. Sachez que c’est un assez haut personnage de la cour de Prusse. Il est très, très bas. Et en même temps des heures de lucidité où il parle avec beaucoup de distinction. Il est,