Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et ce fut, au dessert, le silence total où, seules, nos trois cigarettes semblaient matérialiser notre affectueuse communion, par leurs lentes fumées qui s’enlaçaient, bleues.


La soirée, la nuit, passèrent et je frappais, très matin, à la porte du Schmidt. Son valet, un grand blond énorme, bête de visage, m’ouvrit, me demanda mon nom, referma.

La réception me gelait un peu. J’entendis des voix parlementer. Plusieurs minutes se passèrent. Le valet revint, me pria d’attendre un instant et disparut, me fermant de nouveau la porte au nez.

L’accent du drôle était scandaleux et par trop délateur. Cette porte fermée, cette façon de préparer mon entrée n’étaient pas pour me bien disposer. J’hésitais si j’allais attendre sur le palier, puis je résolus de redescendre. Tant pis ! Bonsoir, Monsieur de Berlin. Je descendais.

Mais la porte s’ouvrait de nouveau, le valet me rappelait et je renonçais à m’évader. Ma curiosité criait déjà en moi comme la veille. J’entrai.

Schmidt était debout, vêtu de bleu marine. Il semblait moins défait. L’œil plus clair, le geste moins nerveux, il m’accueillit avec une espèce