Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/39

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intéresse-t-il que j’écrive dans un journal français ? Et qu’avez-vous à dire à un journal français ? Que me voulez-vous ?

Son regard fut très gentil, très jeune et il me plut, en m’enrageant, pour dire :

— Si vous êtes quelques jours encore à… à… Ouchy… j’aurai sans doute le plaisir de vous voir.

Je pris le chemin de la porte sans beaucoup de correction. Il n’ébaucha même pas le geste de m’accompagner.

Mais comme je posais la main sur le bouton de la porte, il me cria :

— Venez bientôt faire de la musique… je vous jouerai quelque chose dont je ne suis pas mécontent.

C’est moi, cette fois, qui répondis :

— Bonsoir.

Et je sortis vivement. J’étais furieux.


Je ne m’occupai plus de Monsieur de Berlin. Je n’y pensai plus.

Anna et Claude me confièrent d’ailleurs, ce matin-là, le détail de leurs projets et je reçus, un peu avant midi, une dépêche où Paris me réclamait pour affaires. Je me disposai donc à repartir le soir, par le Milan-Paris qui passe en gare de Lausanne à vingt et une heures. Je consacrai