Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/43

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— Oh ! vous verrez… enfin… ça sera long… ça… ouf… je suis bien fatigué…

— Un mois… deux mois… qui sait ?

— Bon. Vous viendrez me dire… avec votre nouveau… manuscrit… quand j’ai écrit tout ça l’hiver dernier je n’étais déjà pas très bien… aussi ma santé… lorsque les feuillets compromettants ont… circulé… oui, je dis, ma santé, a été un bon prétexte pour m’éloigner et me faire… cadenasser ici… mais ils seront bien attrapés quand vous publierez ça… ils seront bien attrapés… publié en France, ah ! ah !… voilà qui est immense… qui est immense, hein ?

Il rit vulgairement.

— Allez dîner, ajouta-t-il, et bonne nuit, et bon voyage… Je vous attends bientôt… Je vais passer d’agréables semaines.

Je pris le manuscrit et lui dis adieu. Il m’accompagna à la porte. Il était devenu très pâle.

— Je ne dînerai pas, dit-il, je suis trop content.

Mais il semblait très mal.

— Vous seriez aimable de dire à Mademoiselle Spring que je ne suis pas bien… je voudrais la voir avant la nuit.

Il parlait sans rudesse. Il me salua fort civilement.

— Bonne route, acheva-t-il.