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Berlin, 3 juillet.

Je ne suis plus un jeune homme.

J’ai su entretenir ma vigueur, oui, mais je ne peux lutter contre l’invincible. Quelle force de muscles et de volonté si je n’avais pas ces à-coups stupides !

Je suis encore brisé de la scène d’avant-hier. J’ai voulu recevoir des chambellans, j’ai parlé, j’ai ri, mais en descendant à la salle à manger, je suis tombé dans le grand escalier du château.

Je ne sais plus rien. On m’a ramassé.

Je sais que je suis tombé dans l’escalier, car je ressens tout le supplice de la courbature et je suis couvert d’ecchymoses.

Cela n’est rien. Je vais mieux. Je suis lucide et calme et confiant.

Jusque ?…

Mais je m’ennuie, à en avoir la nausée. Ce n’est plus de l’ennui. Ah quel dégoût ! Il me semble que je suis seul au monde, sans amis, sans but,