Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/58

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Il n’y avait pas que des Français. On avait invité, pour meubler, le prince Agarieff et la princesse. Mais ces Russes-là sont presque français. Dans les journaux de Paris, on dit qu’ils sont très parisiens. Le prince a quitté la carrière diplomatique et l’amitié désordonnée et fastueuse du grand-duc Nicolas. Il vit très gentiment à Paris en faisant la lecture à sa femme. La lecture de ce qu’il fait, bien entendu, car il a entrepris d’écrire. Il publie de beaux volumes, illustrés par lui-même. Je les ai vus. Il n’y a pas énormément de texte mais les enluminures sont de haute couleur. C’est un couple fin, brillant et sympathique.

Une chose, m’a gâté le spectacle de la bonne princesse Agarieff. C’est qu’on l’avait flanquée de Thülow. Et ce gros bouledogue aux yeux vitreux m’insupporte. Il a le génie de l’odieux, et ne peut demeurer une minute sans compliquer sa conversation de sous-entendus subtils et de finesses telles qu’un bouvier poméranien en rirait.

Au reste, les Agarieff sont trop souvent égarés dans les dîners officiels pour que je m’occupe d’eux au cours d’une soirée intime et neuve.

Nous étions une dizaine, me semble-t-il. Le prince de Monaco, dont le yacht avoisine