Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/72

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soient des esprits remarquables. Mais j’aurais préféré les voir davantage et de plus près. Je les ai traités un peu négligemment au dîner de l’Irêne. Pourquoi ? Je devais bien me douter qu’ils allaient partir. Je me suis mal montré. Banal, en somme. Et ce costume ridicule ! Enfin tout est dit. Mais j’avais cette occasion de plaire… Après tout, j’ai peut-être plu…

Thülow n’était pas là. C’est une brute splendide qui m’exaspère par sa présence, mais qui me manque gravement quand il est loin. Il est allé à Berlin, ne pouvant confier au télégraphe sa pensée précise et ingénieuse. Nous sommes en pleine crise. Je le soupçonne de l’avoir organisée en tous points, cette crise. Il sait que je l’approuverai dans son audace, même extrême, car ce sont mes idées, c’est le fond de ma pensée, qu’il met en faits. Peut-être plus d’une de mes conceptions resteraient à l’état de rêve, s’il ne tenait qu’à moi : Thülow agit. Il a, en Schmeinecht, un collaborateur parfait. Il lui fait dire ce qu’il ne peut dire lui-même. De sorte que Thülow peut bouleverser le monde sans que personne s’en doute ; Schmeinecht aura toujours l’air d’être le grand exécuteur, et, moi, je passerai pour responsable.

Peut-être, cette fois-ci, le monde de complications où nous voilà jetés, n’est-il pas l’œuvre uniquement du roué ministre. Le hasard s’en est