Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/74

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Je ne lui ai pas dit grand’chose. Il y avait trop de monde. Trop de gens de chez moi, des gens de ma famille, qui sont si ennuyeux quand il y a des Français. Je lui ai dit deux ou trois mots et j’ai pu à peine la regarder. D’ailleurs, il me semble qu’elle ne souriait pas. Nous étions loin de la familiarité de l’Irène. Et ses mains sur le clavier, ce soir-là !

Elle ne m’a dit que des choses désagréables. Elle ne m’a parlé que pour me donner de fâcheuses impressions. Ce n’est pas sa faute. Un rien m’inquiète.

Je lui ai demandé d’abord où était son fils, parce que j’avais senti combien ce sujet la préoccupait et qu’il faut être aimable avec une belle Française.

Elle m’a dit, je crois, qu’il était à Berlin, et qu’elle avait hâte de le revoir, et je ne sais quoi encore. Je n’écoutais guère, n’ayant réclamé que par politesse ces détails sur un gamin de quinze ans. J’écoutais même trop peu, et j’ai fait une maladresse. C’est le moment que j’ai choisi, quelle maladresse, ah ! je m’en veux, pour l’inviter à accompagner ses amis Agarieff sur le Frédéric, que j’emmène décidément en croisière pour un mois.

J’ai cru qu’elle allait faire son sourire si distingué, mais elle a été presque froide. Elle m’a