Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/79

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le temps presse, je n’aurai pas d’occasion de la rencontrer tous les jours. Qu’inventer ?

Je trouverai un moyen. Il me faudrait, pour toutes les choses de moi qui ne sont pas de la diplomatie ou des affaires, un Thülow, plus subtil, plus affectueux. J’aurais besoin d’un ami.

Mais je m’égare. Un ami, de quoi vais-je encore discourir ? Un ami qui ressemblerait à Misaine. Non, non, je ne vais pas penser à des choses lyriques, non.

Quand elle a quitté le « bord », elle m’a dit une jolie phrase, à quoi je n’ai su que répondre. C’est d’ailleurs le seul moment de la journée où elle ait eu son sourire de l’autre soir.

J’ai souhaité la revoir, elle m’a dit que cela lui plairait et que les événements s’y prêteraient peut-être, puisqu’elle viendrait, l’hiver, faire un long séjour dans la société berlinoise.

— Comment, lui ai-je dit, comment vous, si Française, pourrez-vous vous plaire à Berlin ? Ce n’est pas le bout du monde, mais il paraît que de Paris à Berlin, il y a un petit abîme.

— Oh, m’a-t-elle répliqué avec son sourire incomparable, une femme, une femme de Paris, emporte toujours, surtout à Berlin, emporte sa patrie à la semelle de ses souliers.

Eh bien, voilà une plaisanterie au petit pied qui est méchante pour un « au revoir ». Mais quel