Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/85

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quand me harcelait l’horreur d’une catastrophe morale possible et irrémédiable. Or je suis prêt à n’importe quoi jusqu’à la venue naturelle du dénouement. Pourquoi ce moment inespéré de repos est-il celui où je dois me réembarquer sur l’instable fatal ?

Je comprends que je suis menacé. Si cet espoir de repos m’est retiré, c’est à jamais. Et je serais douloureusement incurable, en mon âme, en mon corps, en ma destinée d’orgueilleuse tourmente.

Mais je m’exalte et je souffre. Je suis très mal ce matin. Le grand air, la distance, la vitesse me briseront les nerfs sans doute. J’ai hâte de partir.

Je vais attendre une heure encore. Heimann ne revient pas.

Heimann est un confident sans envergure, mais il a du tact et il n’est pas bavard. Il est trop lent. Il tarde terriblement.

J’ai risqué un geste audacieux. J’ai chargé mon Heimann de trouver à son hôtel ou sur l’Irène, qu’elle hante beaucoup, madame Dié. C’est invraisemblable, mais je mets une espèce de superstition — non, non, pas autre chose — dans ces rencontres avec madame Dié.

Par elle, je crois, par la vision de son amitié souriante, j’ai eu brusquement le regret de pro-