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MONSIEUR DE BERLIN





L’heure calme du dîner s’achevait, quand on me remit ce télégramme : « Claude ramené d’Allemagne. Venez l’embrasser. Anna. »

Je donnai — peut-être — des explications désordonnées à mes hôtes, claquai la porte, pris d’assaut un taxi qui voulait remiser et me trouvai à la gare de Lyon, mon chapeau encore à la main, quelques minutes avant le départ du rapide de Lausanne.

J’aurais mal supporté qu’un train manqué m’obligeât à vingt-quatre heures impatientes. La dépêche d’Anna Spring m’avait payé de nos pauvres mois d’anxiété en me promettant ce bonheur de revoir le bon visage et le cœur propre de mon compagnon fraternel. Deux fois blessé, puis disparu, nous l’avions presque pleuré dans l’espoir amer de ces semaines taciturnes jusqu’au jour où, d’un mot nu sur une