Page:Delphine de Girardin - Poésies complètes - 1856.djvu/140

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Ah ! je suis revenu de ce brillant plaisir,
Et je ne comprends pas quel en fut mon désir.
Oh ! que j’aime bien mieux discuter à mon aise,
Assis, au coin du feu, sur ma petite chaise.
Avec sa femme, au moins, on peut causer de tout,
Et l’on n’a jamais peur d’être de mauvis goût…

« Mais je fus donc atteint d’un accès de folie ?
Comment ai-je trouvé la duchesse jolie ?
Comment ?… C’est un secret, je ne m’en souviens plus.
Et cette autre héritière… avec tous ses écus !
Comment ai-je songé sans démence à lui plaire ?…
Oubliant la corvée à cause du salaire,
Quoi ! pour ses millions je vou1ais l’époùser ?…
Béni soit le succès qui vient me dégriser. —
Pour ces deux femmes-là !… je quittais une amie,
Napoline ! si belle ! — Ô misère, infamie !
Je ne mérite pas que tu rêves de moi.
Mais nous serons heureux, et je reviens à toi !
Oui, je veux dès demain hâter ce mariage…
On va rire de nous, de notre humble ménage,
Car nous ne serons pas riches… Eh bien, tant mieux :
Nous aurons des amis, et pas un ennuyeux !…
Ah ! comme elle sera jolie en mariée !…
Et lorsqu’à ma tendresse on l’aura confiée,
Comme je serai fier ! — Que d’amour ! que de soins !…
Voyons… de mon côté quels seront les témoins ?
Demain, de tout cela nous causerons ensemble.
Oh ! que je suis heureux !… Mais, d’où vient que je tremble ? »

Alfred, en cet instant, venait d’entrer chez lui.
Déjà, dans l’escalier, un demi-jour a lui.

« Une femme est ici… Monsieur le sait, sans doute ? »
Dit le vieux domestique. — Alfred s’arrête, écoute.