Page:Deltil - Des abus de la saignée chez les animaux domestiques.djvu/13

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végétation encore si tendre, heureux alors s’il échappe à ces violents météorismes, résultant de l’accumulation et de la fermentation des aliments verts dans l’appareil digestif. Les animaux ne tardent pas, sous l’impulsion de cette nourriture excitante et tonique à la fois à se refaire, comme on dit. Les phénomènes d’absorption, réveillés, d’ailleurs, comme toutes les autres fonctions, par la douce température qu’amène le printemps, se font avec une activité remarquable. Dans l’espace de peu de jours, les animaux deviennent plus vifs, plus forts, plus vigoureux, leur poil devient luisant, enfin ils prennent rapidement de l’embonpoint, ils deviennent pléthoriques, état qui, comme on le sait, prédispose aux affections inflammatoires et particulièrement aux congestions. Les anciens avaient remarqué les fâcheux effets de ce changement subit de régime et avaient préconisé la saignée comme moyen prophylactique, et dans leur ignorance, ils voulaient en préserver indistinctement tous les sujets.

Mais on comprend aisément par les phénomènes plus haut cités, que cet état pléthorique n’affecte pas tous les animaux indistinctement, et que par conséquent en appliquant ce moyen préservatif à tous les animaux, on a commis et on commet encore un grave abus.

Quoique la nouvelle alimentation joue le principal rôle dans l’apparition de cet état pléthorique, on aurait tort d’attribuer uniquement à cette dernière cause, cet effet immédiat. Chez l’homme on ne peut pas invoquer avec tant d’assurance la nouvelle alimentation, comme cause de cet état particulier que chacun de