Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/115

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pour des époques de licence, de petites statuettes libertines pétries de façons et de fantaisies. Voyez les femmes du règne de Louis XIV. Leur beauté symétrique observe la règle des trois unités. Ce sont de grands nez, de grands fronts, de grands traits, des tailles de cariatides, des corsages qui font songer aux cornes d’abondance que verse Pomone. Sous la Régence, les visages s’arrondissent, le nez s’amincit, le menton se dégage, la physionomie se chiffonne, la femme n’est plus qu’un raccourci de grâce et de gentillesse. La mode en fait sa poupée, elle broie sur ses joues toute une palette de rouges différents ; elle crible son visage d’une volée de mouches ; tantôt elle l’enveloppe de robes ondoyantes où le corps nage dans des flots de soie, tantôt elle l’emprisonne dans les contrescarpes et les bastions du panier. »

Les auteurs ont clos leur enquête à 1789 et il était naturel qu’ils fissent ainsi. C’est la grande étape : l’ancien régime finit et le monde nouveau commence. Là s’arrête aussi la domination que la femme a exercée au siècle dernier : les mouches tombent, les œillades s’éteignent et les éventails se ferment.


XIV

Renée Mauperin.

À la nouvelle édition qui allait paraître, en 1875, M. Edmond de Goncourt ajoutait quelques lignes qui indiquent nettement l’esprit du livre et le but que son frère et lui avaient visé en l’écrivant. « Renée Mauperin, est-ce le vrai, est-ce le bon titre de ce livre ? La jeune Bourgeoisie, le titre sous lequel mon frère et moi