Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XVI

Henriette Maréchal.

Le 14 décembre 1865, au plus fort de la bataille, à la veille de la sixième et dernière représentation d’Henriette Maréchal, la Librairie internationale mit en vente le texte de la pièce au front de laquelle les auteurs, agacés et nerveux, venaient d’écrire son histoire et d’envoyer fièrement l’hommage de leur reconnaissance à la princesse Mathilde qui avait arraché le manuscrit à la censure et à M. Édouard Thierry qui avait eu le courage de l’accueillir. Histoire curieuse et instructive dont nous tâcherons de suivre la trame en ajoutant le plus possible d’oublié et surtout d’inédit.

Terminé au mois de décembre 1863, le drame qui s’appelait alors Henriette tout court, fut porté à M. de Beaufort, directeur du Vaudeville. Il le refusa. Les auteurs qui venaient de publier Renée Mauperin, réempoignés par leur dix-huitième siècle et les pastels de Latour, sur lesquels ils travaillaient alors, reprirent le manuscrit et, sans y penser davantage, l’avaient jeté au fond d’un tiroir, quand, à un des lundis de la princesse Mathilde, M. de Girardin fit la lecture du Supplice d’une femme.

De là leur vint l’idée de faire connaître Henriette, dans ce salon de femmes distinguées, d’artistes et de lettrés. C’était un moyen de se rendre compte de la valeur de la pièce et peut-être un directeur de théâtre en entendrait-il parler dans des termes qui lui feraient désirer de la connaître. Le 7 avril 1865, M. Lockroy lut le manuscrit à la place des auteurs,