Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/138

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du rôle de Mme Maréchal. Elle a mis le doigt sur tous les cris du cœur, en disant : “C’est étonnant, les hommes ; je ne sais pas où ils nous prennent cela ?” Et, chez elle, c’est une compréhension si vive que la traduction est immédiate, intelligente toujours, quelquefois sublime… Le seul défaut de Mme Plessy est son instantanéité d’intuition qui ne s’arrête et ne se fixe pas. Elle comprend si vite qu’elle comprend chaque jour quelque chose de nouveau. C’est ainsi qu’elle a joué toute notre pièce de répétitions en répétitions et morceau par morceau, d’une manière supérieure ; mais elle n’était supérieure, chaque jour, qu’à un endroit où elle ne l’était plus le lendemain. »

Donc, la première représentation fut annoncée le 5 décembre et on pouvait lire sur les murs de Paris l’affiche ci-contre.

Henriette Maréchal est un drame en trois actes, en prose. Le sujet n’est pas neuf : c’est la trinité de l’adultère mille fois traînée au pilori du théâtre. L’originalité de la pièce, qui fut encore accentuée par la mise en scène, réside dans la tentative de fantaisie moderne, d’improvisation pittoresque engageant l’action au foyer de l’Opéra, rue Le Peletier, une nuit de carnaval, dans la cohue et les criailleries des titis, des chicards et des débardeurs qui se bombardent de coq-à-l’âne et de lazzis, à travers l’atmosphère excitante, et sur les airs convulsifs d’un orchestre frénétique. C’est du Gavarni mis en scène, avec ses costumes et des rehauts d’esprit au vitriol.

Entre un quadrille et un galop, à un moment d’accalmie, une femme éteinte sous un domino noir, sort d’une loge. Un très jeune homme qu’un frère d’expérience a conduit là pour la première fois et dont le