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passibles, fort obscurs alors, mais qui, plus tard, sont arrivés à la notoriété, à la suite de M. François Coppée et de M. Sully-Prudhomme. Ils ont formé légende et se sont appelés les Parnassiens.

M. Thierry leur avait donné tout ce qui restait des billets de parterre, et les Impassibles s’empressèrent d’occuper la place. Donc force fut aux survenants qui purent pénétrer dans le théâtre — un tiers au plus de ceux qui avaient fait queue, — d’escalader les sommets des quatrièmes loges et du paradis. Leurs protestations avaient été vaines et le mécontentement s’en accrut. Une fois de plus on cria à la faveur et, bien avant qu’on eût commencé Henriette Maréchal, les loustics du poulailler, fatigués de chanter Framboisy et le refrain en vogue de Thérésa, aiguisaient leurs langues contre un dialogue inoffensif de Ponsard, Horace et Lydie, qui avait eu, quelques jours, l’honneur d’être interprété par Rachel, et qui servait de pièce d’antichambre depuis que la tragédienne avait abandonné le rôle de Lydie.

Peu à peu, la salle s’était remplie du public habituel des premières représentations : journalistes dont c’est le métier de tout voir, amis de la maison, artistes, boursiers et viveurs. Cette partie du public n’avait pas de raison pour être hostile aux Goncourt. Elle est d’esprit sceptique et difficilement ébranlable, mais les témérités littéraires ne lui font pas peur et elle a quelquefois l’audace ou plutôt l’entraînement de ses opinions. Ce public-là se raidira tout à l’heure contre le parti pris de siffler quand même, mais, au milieu du tumulte, il applaudira pour protester beaucoup plus que pour donner une marque d’approbation ou de contentement.

Théophile Gautier n’était point encore, alors, biblio-