Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mercredi, 30 juillet 1870.

Cela va mieux, mais j’ai gardé une telle lassitude de corps et une telle fatigue de tête que cela me coûte d’écrire une lettre. Que vous êtes charmant, bon, serviable et comme, à mon retour, je veux faire de nos relations un peu espacées, une amitié intime, si vous le voulez bien. J’ai reçu un petit mot de Charles Blanc ; j’ai également reçu des lettres d’Hugo et de Seymour Haden[1]. Je veux répondre au dernier ces jours-ci. Saint-Victor m’a envoyé son feuilleton. Le portrait moral de mon frère est charmant et très vrai. Il a été plein de cœur dans cette circonstance et s’est fait reaimer entièrement par moi.

Bien pardon pour la recherche du National.

Vous viendrez chez moi, à mon retour, et tout ce que vous trouverez de Jules vous le prendrez. Les cuivres seront à votre disposition pour les planches qui manqueront. Je vous ferai voir quelques dessins de Jules que vous ne connaissez pas, et un portrait de lui aquarellé par moi en 1857 que je trouve très ressemblant. Pour le petit travail que je suis heureux et fier de vous voir faire, vous aurez tout ce que vous voudrez et plus encore.

Quant au dessin de Lalanne, je vous dirai que je suis assez embarrassé. Je crois qu’il vaut mieux attendre mon retour qui aura lieu à la fin du mois, et j’ai peur que le jardin soit complètement grillé. Je me déciderai dans quelques jours.

Je vous dirai que je négocie en ce moment avec Carpeaux

  1. Cet hommage de l’aquafortiste anglais mérite qu’on s’y arrête. Il est plus qu’un acte de courtoisie puisque des relations personnelles ne l’avaient pas provoqué :
    62, Sloane St., 28 juin 1870.
    Monsieur,

    Pardonnez-moi si, n’ayant pas l’honneur de votre connaissance, j’ose ajouter à ceux de vos amis les vifs regrets que la perte cruelle que vous venez d’éprouver causent à un étranger.

    Mainte fois, en venant à Paris, l’idée m’est venue de prier mon ami Burty de vouloir bien me présenter à ces deux frères qui, par la distinction de leurs goûts et de leurs travaux, m’ont toujours si intéressé, me mettre en rapport avec ces deux esprits qui m’ont toujours été si sympathiques.

    Permettez-moi, Monsieur, de vous assurer que la triste nouvelle que la chronique vient m’apporter m’a peiné à un point difficile à exprimer, et excusez-moi si, au milieu de vos chagrins si récents, je me suis permis de vous adresser ces sincères paroles de condoléance et de respect.

    Seymour Haden.