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versé le haut de ma maison[1] et que ce remaniement, qui devait durer huit ou dix jours, dure depuis cinq semaines, sans que j’en voie la fin, et ça été un prétexte à tout à fait me ruiner. Jeudi, sans faute, je vous rapporterai lesdites lettres. J’en ai retrouvé de très curieuses chez Louis Passy, des lettres d’Afrique, de Suisse, deux lettres sur la mort de notre mère !

Tout en refaisant ma maison, je suis en train de faire mes paquets pour le néant et l’œuvre de mon frère que je devais laisser, après ma mort, au Cabinet des Estampes, je viens de le donner tout de suite.

Voici la petite note que j’ai mise en tête. Si vous y trouvez matière à un fait divers pour un journal d’art, faites-en ce que vous voudrez :

« Œuvre de Jules de Goncourt donné au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale par son frère.

Œuvre unique formé par le graveur, offrant la réunion de ses 86 eaux-fortes (154 épreuves) dont quelques-unes n’ont tiré qu’à deux ou trois exemplaires, et contenant tous les états.

À la collection des eaux-fortes de mon frère, je joins les quelques très méchantes planches faites par moi à ses côtés, pour lui tenir compagnie, pendant qu’il piochait le cuivre.

Le catalogue détaillé de ses eaux-fortes a été rédigé par Philippe Burty et publié à la librairie de l’Art, en 1876. »

Novembre 1884.
Edmond de Goncourt.

Avant d’entrer dans la phase nouvelle de la vie d’Edmond et de dire sur l’œuvre de Jules les dernières paroles, il reste à noter sa correspondance qu’Edmond commença à réunir en 1884 et qu’il a publiée en 1885. Dans la vie commune des deux frères, Jules, d’esprit plus souple, toujours prêt à improviser, avait été amené à écrire presque toutes les lettres de la maison et à entretenir les relations avec les amis. Aussi, de 1851 à 1870, les lettres d’Edmond sont-elles fort rares ; mais on en trouve quelquefois de la main de Jules qu’il signait Edmond avec une grâce touchante. Les lettres importantes, concertées entre

  1. Sous l’inspiration de M. E. de Goncourt, M. Frantz Jourdain, un lettré d’avant-garde doublé d’un artiste, agençait le Grenier pour les réunions dominicales.