Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/255

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J’extrais de l’article paru dans le Bien public quelques lignes que M. Zola a écrites sur la Faustin : « MM. de Goncourt ont apporté une sensation nouvelle de la nature. Là est leur trait caractéristique. Ils ne sentent pas comme on a senti avant eux… Ils ont la vie du style. Tous leurs efforts tendent à faire de la phrase l’image instantanée de leur sensation. Rendre ce qu’ils sentent et le rendre avec le frémissement, le premier heurt de la vision, voilà leur but. Ils l’atteignent admirablement… MM. de Goncourt arrivent à ce prodigieux rendu par des renversements de tournures, des remplacements de mots, des procédés à eux qui sont la marque inoubliable de leur facture. Eux seuls, à cette heure, ont ces dessous de phrase où persiste l’impression des objets. Certes, ils ont des qualités dramatiques de romanciers, leurs œuvres débordent de documents humains, plusieurs de leurs créations sont fouillées par des mains d’analystes puissants, mais en ces matières ils ont des égaux. Où ils sont des maîtres indiscutables, je le dis une fois encore, c’est dans la vervosité de leur sensation et dans la langue dont ils réussissent à traduire les impressions les plus légères que personne, avant eux, n’avait notées. »[1]

Après ces discussions robustes et techniques, Karl Steen intervint avec son sentiment et son cœur[2]. Comme disait George Sand : un bouquet venant d’elle a une senteur plus délicate que le bouquet des autres. L’auteur, touché et reconnaissant, remercia Mme A. Daudet, en ces termes :

  1. 2 avril 1877.
  2. Lire dans Impressions de Nature et d’Art, 1 vol. in-12, libr. Charpentier, la suite d’articles que Mme Daudet a écrits sur l’œuvre des deux frères. Les articles sur les Frères Zemganno et sur la Faustin feront partie d’une publication prochaine d’où ont été tirés les Fragments d’un livre inédit.