Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/271

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à la ligne) : « C’était le soir d’un jour où il avait été à la grande Exposition de 1855, et, se laissant aller à témoigner son mépris pour les modernes en même temps que son admiration pour les anciens, il disait… »

Sur le vieux qui m’entend là-haut ! savez-vous qu’il n’y a qu’un tribunal de l’inquisition ou B… qui, sur cette phrase empoignant toute la peinture moderne, depuis Ingres jusqu’à Chaplin, puisse, en mauvaise conscience, nous condamner, Gavarni et moi, comme criminels de lèse-Delacroix !

Tout à vous,
Edmond de Goncourt.

De 1873, les lettres que nous avons sous les yeux sautent à 1883 ; mais ici s’intercale une petite note inédite du Journal posthume qui met en scène drôlement le fin japoniste qu’est M. Ph. Burty :

Vendredi, 20 novembre 1874 — Pourquoi… me suis-je mis à penser à un empereur d’Allemagne — je ne sais plus lequel — qui, ayant demandé à son chapelain si vraiment Dieu était dans l’hostie, en fit sceller une dans un coffret. Des années, des années se passèrent, beaucoup d’années, au bout desquelles l’empereur fit ouvrir le coffret. On y trouva le cadavre d’un ver. Cela ferait une assez belle image dans un bouquin supérieur.

Mais, à propos de ver, j’ai trouvé hier mon ami Burty désolé. Il avait découvert dans ses albums japonais, un ver de l’Extrême-Orient, un ver tout enveloppé de poils blancs, comme de la soie, un ver charmant, un animal d’art enfin, et, comme il était vivant, il l’avait mis avec le plus grand soin dans une boîte et comptait le présenter à la Société d’acclimatation.

Mais, oh malheur ! cette bête de Julie, en faisant le salon, n’a-t-elle pas jeté la bestiole dans la cheminée !

La lettre par laquelle nous terminons ce chapitre fait allusion à des dessins du dix-huitième siècle et à des gouaches de Baudouin que M. de Goncourt avait consenti à laisser exposer rue de Sèze. On les laissa traîner, sans soins, dans le long couloir qui sert d’entrée, à deux pas du trottoir :