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13 décembre 1883.
Cher ami,

Je vous remercie de l’avertissement, mais j’étais déjà informé. J’ai eu la bêtise d’être faible et la lâcheté de céder à des demandes obsédantes. J’ai reçu une forte leçon qui me guérira tout à fait des expositions dont, du reste, je n’étais guère enthousiaste.

Quant à M…, la chose a fait du bruit, et je ne crois pas que ça profite à ses expositions futures de bibelots !

Amitiés,
Edmond de Goncourt.

En 1862, au temps où les Goncourt n’avaient pas encore conquis leur situation littéraire, une personne d’une grande distinction d’esprit, qui occupait une des situations les plus en vue de l’Empire et qui désirait réunir autour d’elle le plus possible des personnalités marquantes dans la littérature, les sciences et les arts, frappée et intéressée par la nouveauté des livres des deux fières, avait manifesté le désir qu’on les lui présentât. C’est d’elle que Sainte-Beuve a peint ce portait achevé, publié, ces temps derniers, dans les Lettres et les Arts : « La princesse a le front haut et fier, fait pour le diadème ; les cheveux, d’un blond cendré, découvrent, de côté, des tempes larges et pures, et se rassemblent, se renouent en masse ondoyante, sur un cou plein et élégant. Les traits du visage nettement et hardiment dessinés, ne laissent rien d’indécis. Un ou deux grains, jetés comme au hasard, montrent que la nature n’a pas voulu pourtant que cette pureté classique de lignes se pût confondre avec aucune autre. L’œil bien encadré, plus fin que grand, d’un brun clair, brille de l’affection ou de la pensée du moment et n’est pas de ceux qui pourraient la feindre ni la voiler ; le regard est vif et perçant, il va, par moment, au-devant de vous, mais plutôt pour vous pénétrer