Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/291

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curieux interprètes les graveurs : « Moins riche, moins précieuse, moins unique dans son genre que la collection de dessins, cette réunion de gravures contient cependant le plus grand nombre des belles et rares pièces du dix-huitième siècle, en des états dignes d’envie, et dans une fraîcheur et avec une virginité de marges introuvables… Une particularité qui la fait aujourd’hui inestimable, cette réunion d’estampes, c’est le goût que j’ai eu des états d’eaux-fortes, au moment où personne n’en voulait, et qui m’a poussé à faire presque la collection de Watteau, de Chardin, de Baudouin, en ces esquisses, en ces souffles spirituels de gravures. »

Les énumérations, les dénombrements sabrés par des éclairs de style, se lisent aussi facilement qu’un livre suivi. L’éblouissement sagement réglé par des haltes reposantes, ne produit pas la fatigue. Les notes personnelles, les réflexions humoristiques jettent la vie dans ce répertoire animé.

À côté des dessins, des estampes et des livres s’ouvre le cabinet de l’Extrême-Orient, tout rempli lui aussi, de merveilles. Là, le monstre est Dieu. Le desservant du temple et les initiés qui s’en approchent subissent l’attraction fascinatrice qui se dégage de cette quintessence de l’imagination humaine dont il est dit, dans Idées et Sensations : « L’imagination du monstre, de l’animalité chimérique, l’art de peindre les peurs qui s’approchent de l’homme, le jour, avec le féroce et le reptile, la nuit avec les apparitions troubles, la faculté de figurer et d’incarner ces paniques de la vision et de l’illusion dans des formes et des constructions d’êtres membrés, articulés, presque viables, — c’est le génie