Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/290

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bouquin remplit de bonheur. Vous verrez ses plaquettes… et nous le garderons pour nous deux, n’est-ce pas ?
Tout à vous,
Edmond de Goncourt.

Les dessins de la collection d’Auteuil sont célèbres. L’auteur, au début de son livre, a écrit lui-même le catalogue tumulaire, pour le jour mémorable où elle comparaîtra devant l’aréopage d’amateurs qui la jugera d’ensemble pour la dernière fois et s’enrichira de ses dépouilles : « Cette collection est ma richesse et mon orgueil. Elle témoigne de ce qu’un pauvre diable, avec de la volonté, du temps, et en massant un rien d’argent sur une seule chose, peut faire. Une collection de tableaux est très charmante, — elle m’était possible, en ce temps-là ; — mais je sentais qu’avec ma petite fortune, je ne pouvais faire qu’une collection secondaire ; tandis qu’une collection de dessins, il m’était donné d’en rassembler une qui n’eût pas d’équivalent, qui fût la première de toutes. Et je puis dire, sans fausse modestie, que mon frère et moi l’avons réalisée, cette collection de dessins français du dix-huitième siècle ! Oui, grâce au dédain de l’époque pour cette école, aux timidités de mes concurrents, tous plus riches que moi, et à la résolution bien arrêtée de ne jamais acheter un tableau, quelque bon marché qu’on me l’offrit, j’ai pu réunir près de quatre cents dessins montrant l’École française sous toutes ses faces et presque dans tous ses spécimens, et des dessins qui sont, en général, les dessins les plus importants de chaque maître, petit ou grand. »[1]

Maîtres et petits maîtres défilent ensuite avec leur épithète caractéristique et sont bientôt suivis de leurs

  1. La Maison d’un artiste, t. I, p. 28, et t. II, p. 113.