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Jourdain fut chargé de préparer le nid des causeries dominicales. Il est formé de trois pièces, de moyenne grandeur, qui sont reliées par une vaste baie. Là encore domine la tonalité rouge de l’andrinople encadrée de noir mat. À hauteur d’appui, le long des murs, courent de petites bibliothèques qui renferment, en éditions originales, l’œuvre complet — sauf deux ou trois plaquettes indénichables — de Balzac et, sur des papiers rares, illustré d’hommages et de fragments du manuscrit des auteurs, à peu près tout ce qu’a produit de curieux la littérature contemporaine. Des aquarelles de Jules, des dessins des trois manières de Boucher, des gouaches de Gavarni règnent sur les panneaux, au-dessus de plus de deux mille épreuves de remarque, sur les trois mille qui composent son œuvre. Des taches de couleurs rares : soies brodées, kakémonos et foukousas, bronzes à formes et à patines étranges, faïences ou porcelaines calment ici, là exaspèrent l’éclat des dessous rouges, suivant la fantaisie du symphoniste qui a disposé ses effets. On est saisi, en entrant dans le Grenier, de l’ensemble harmonieux qui s’en dégage. On se sent là en plein moderne, à cent lieues, au-dessus, des arrangements vulgaires et des idées courantes.

Et, quand le salon fut digne de les recevoir, les élus reçurent cette invitation concise :

Le grenier de Goncourt ouvre des dimanches littéraires, le dimanche, 1er février 1885. Il sera honoré de votre présence.

Depuis ce temps-là, les réunions ne se sont point interrompues. L’élément jeune des lettres y est surtout représenté ; car, des anciens amis du temps de Flaubert, beaucoup sont morts, d’autres sont éloignés, quelques-uns, vieillis, digèrent leur gloire et leurs places au coin du feu et ne sortent plus d’eux-mêmes.