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dans les lettres qu’a conquise aujourd’hui le frère survivant.

Nous avons tenté d’expliquer plus haut la part de nouveauté qu’ils ont apportée dans l’histoire, l’information à des sources négligées jusque-là, la chasse à l’inédit, la préoccupation moins du côté épique et officiel d’une époque que de ses mœurs intimes, de la physionomie de toutes ses classes d’hommes et de son art ; enquêtes minutieuses qui ont produit des résultats surprenants et qui sont simplement la découverte d’une méthode nouvelle pour écrire l’histoire.

Quand les Goncourt, au mois d’octobre 1864, firent leur grande entrée dans la littérature avec un but défini et un programme qui servait de préface à Germinie Lacerteux, la littérature semblait vouée à un positivisme dur et brutal. Madame Bovary qui était le livre d’art de l’époque, au théâtre, les comédies de M. Alexandre Dumas fils, les Faux bonshommes, de Th. Barrière, qu’on applaudissait alors, avaient fait, dans les lettres, une révolution pareille à celle que le positivisme avait apporté dans la philosophie. Les mêmes causes avaient produit les mêmes effets, et la littérature d’imagination que George Sand et M. O. Feuillet surtout représentaient encore, était aussi menacée par les tendances des auteurs nouveaux que la métaphysique était atteinte par les doctrines positivistes. Dans le roman, le libre arbitre passait au second plan, la physiologie se dressait comme un poulpe qui allait étreindre toutes les conceptions de l’esprit.

Déjà, en Angleterre, Dickens, mais surtout George Elliot, dans son premier roman, paru en 1859, avaient donné une indication de la route dans laquelle les lettres françaises allaient s’engager. On lisait dans la préface d’Adam Bede : « Je n’aspire qu’à représenter