Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/58

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Croisant ses beaux membres nus
Sur son Adonis qu’ell’baise,
Et lui pressant le doux flanc,
Son cou douillettement blanc
Mordille de trop grand’aise.

M. Latour Dumoulin, alors directeur de la Police, mécontent de l’allure du Paris et des façons de M. de Villedeuil qui, appelé au ministère et n’étant pas reçu immédiatement, sur la présentation de sa carte, était remonté dans sa voiture, fit commencer une instance. L’article incriminé ne semblait être qu’un prétexte ; c’était les tendances du journal et ses allures frondeuses qui déplaisaient. Alphonse Karr, lui aussi, fut poursuivi pour un autre article paru le même jour, dans le même journal. Les trois écrivains et aussi le gérant responsable reçurent une assignation à comparaître devant la 6e chambre de la Police correctionnelle.

Les démarches préparatoires, les plaidoiries et le jugement sont racontés de la façon la plus plaisante dans le tome premier du Journal. Tout allait au plus mal après la première audience ; l’arrêt était remis à huitaine et une condamnation semblait imminente. Mais, dans les quelques jours qui suivirent, M. Rouland avait remplacé M. de Royer dans les fonctions de procureur général. Le nouveau venu passait pour orléaniste, et les Goncourt aussi, à cause de leurs relations avec la famille Passy. Sans compter que M. Rouland était un parent de Mme Jules Janin qui portait de l’intérêt aux protégés de son mari. M. Rouland intervint auprès des juges, et, le 19 février 1853, MM. de Goncourt, assez durement malmenés dans les considérants du jugement, furent cependant acquittés.

Mais on leur fit dire officieusement qu’ils étaient mal