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modèle, leur style s’est imprégné de l’essence de son œuvre et, dans ces travaux biographiques que les grands artistes de lettres ne recherchent pas ordinairement, parce qu’ils impliquent, en dehors de la difficulté du rendu, une somme d’études et de travaux préliminaires exigeant un effort continu, les Goncourt ont apporté la précision d’un paléographe, la conscience et la netteté de vision d’un historien et surtout, pour parfaire l’ouvrage, la forme merveilleusement souple et imagée qui leur est propre.

Aussi, ont-ils fait la fortune de plusieurs de leurs modèles. Les tout petits maîtres surtout qui s’appliquaient tout bonnement à leur besogne d’illustrateurs, en cherchant à satisfaire les libraires, et qui ne paraissent pas avoir jamais songé que la postérité pourrait avoir cure de leur vie modeste et de leurs travaux, ont été littéralement exhumés de l’oubli. De même que, dans les cimetières de Tanagra, on a découvert récemment tout un peuple de figurines charmeuses et coquettes qui donnent l’idée d’un dix-huitième siècle antique, de même les Goncourt ont tiré de la boîte à quinze sous des quais de Paris, des livres illustrés qui sont des merveilles de grâce, d’élégance et de très réelle beauté.


X

Les Hommes de lettres.

Chose singulière, les Hommes de lettres ont été écrits pour le théâtre. La comédie primitive, en cinq actes, finissait par la mort de Charles Demailly. Les auteurs racontent, dans le tome premier de leur Journal, à la date du 21 octobre 1857, les mésaventures du manus-