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CONTRE BŒOTOS. I. 109

tos et Pamphilos au partage égal de la succession paternelle, mais il prétendait prélever avant partage un talent pour la dot de sa mère. Bœotos et Pamphilos prétendirent au contraire que la mère de Mantithée n’avait apporté aucune dot, et qu’après la mort de cette première femme, leur mère Plangon, devenue l’épouse légitime de Mantias, avait elle-même apporté une dot. On essaya d’abord un arbitrage amiable, qui ne put aboutir. Les actions dotales furent donc intentées de part et d’autre et portées devant l’arbitre public. Les actions de Bœotos et de Pamphilos furent rejetées par sentence contradictoire de cet arbitre ; mais, sur l’action de Mantithée, Bœotos et Pamphilos firent défaut, et quand Mantithée voulut exécuter la sentence, Bœotos soutint qu’elle ne pouvait être exécutée contre lui, attendu que son nom était Mantithée et non Bœotos. C’est ce qu’on appelait, en droit attique, τὴν μὴ οὖσαν ἀντιλαγχάνειν, et ce qu’on appelle en droit français faire opposition.

C’est ainsi que Mantithée est conduit à soulever incidemment la question de nom, onze ans après la mort de Mantias, c’est-à-dire vers l’an 345. Bagas se laisse encore condamner par défaut devant l’arbitre public ; mais il forme encore opposition, et la question est ainsi portée devant le tribunal.

Le procès ainsi engagé est ce que les Athéniens appelaient une διαδικασία, c’est-à-dire un procès entre deux compétiteurs. Il s’agit de savoir auquel des deux appartient le droit contesté ; et, en pareil cas, chacune des parties faisait valoir ses raisons, sans que la possession fût comptée pour beaucoup.

Mantithée invoque une preuve, résultant de l’inscription sur les registres de la phratrie. Mantias y a fait inscrire son fils adoptif sous le nom de Bœotos ; il est mort avant d’avoir fait faire la même inscription sur les registres du dème. En conséquence Bœotos s’est fait inscrire au dème sous le nom de Mantithée, auquel il prétend avoir droit parce qu’il est l’aîné des trois fils de Mantias, et que c’est l’aîné qui doit porter le nom de l’aïeul paternel. Il prétend d’ailleurs que Mantias lui-même lui a donné ce nom.

Mais il ne peut pas y avoir deux Mantithées, fils de Mantias.


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