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Palais, nous fait de son état, au 12 messidor, un écœurant tableau.[1]

Le vestibule du rez-de-chaussée, dont nous admirons l’imposante sévérité, est encombré de dépôts de bois de toutes sortes. L’exécuteur y remise les pièces de son échafaud qu’il jette dans le passage toutes maculées de boue et dégouttantes de sang. Des baraques le remplissent et obstruent les fenêtres qui ne laissent plus pénétrer qu’une insuffisante lumière ; elles sont occupées, les unes par des blanchisseuses qui pavoisent la cour du linge bariolé de leurs clients, les autres par l’échoppe de menuiserie du citoyen Dufresne, et par l’imprimerie de la citoyenne Félicité Vatar ; dans le pourtour se trouvent installés divers ateliers, l’imprimerie de la citoyenne Bruté, voire même des cuisines de restaurateurs.

De tout cela s’échappe, par des tuyaux de poêle, une fumée âcre et fétide qui s’attache en couches épaisses aux voûtes de pierre, lèpre noire et hideuse dans laquelle, à chaque instant, s’allume l’incendie qui menace de se propager dans le reste de l’édifice. L’escalier de l’Occident est inabordable, il n’est plus qu’un dépôt d’ordures, un cloaque d’infection. Enfin, lorsqu’arrive le soir, le Temple

  1. Devis et cahier des charges dressé par le citoyen Binet. Archives départementales.