Page:Depasse - Henri Martin, 1883.djvu/22

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grande force d’objectivité qu’il porte en son regard d’historien. On reconnaît à ce caractère le contemplateur assidu des choses de ce monde. Thiers, Michelet, Quinet sont morts sous nos yeux ; Guizot, Augustin Thierry ne sont plus que de lointains souvenirs. Henri Martin, le plus uni, le plus calme, le plus tempéré de tous, le moins systématique, n’a pas, dit-on, la puissance intuitive de celui-ci, la poésie créatrice de celui-là, le génie politique d’un autre : il a su réunir toutes les qualités moyennes dans un harmonieux et puissant ensemble. Il est le plus détaché non seulement de toute ambition de jouer un rôle politique parmi ses contemporains, mais encore de celle de faire figure dans le monde littéraire de son temps. Ce n’est pas qu’il renonce à ce qui fait l’originalité de la personne humaine : aucun n’a porté plus haut que lui le culte de l’individualité. « Nous sommes, dit-il, les fils des Gaulois, du peuple qui, parmi les anciens, a eu tout à la fois le plus de sympathie pour les autres hommes et le sentiment le plus énergique de l’individualité de chaque homme et de son immortalité. » Fils des Gaulois, il l’est, il le veut être ; il sent en lui, soyez-en