Page:Depasse - Henri Martin, 1883.djvu/31

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absolu d’une forte organisation politique, d’une organisation qui mette constamment en action tout ce qu’elle a de lumières et de forces. »

Et il ajoutait :

« C’est une grave erreur que de s’imaginer que ce que gagne la liberté individuelle ou la liberté locale, le pouvoir national devra le perdre. Le champ du progrès de l’activité humaine est illimité. Plus les individus, plus les groupes particuliers grandissent et agissent librement, plus l’État, qui est la patrie organisée, élargit également son cercle d’action, plus il a de devoirs et de pouvoir. »

La note lancée par M. Henri Martin au banquet de Laon, dans les circonstances où l’on était alors, sonnait d’une manière tout particulièrement remarquable. Investi d’une haute réputation de modération et de libéralisme, le sage historien proclamait les droits de l’État et la nécessité d’un gouvernement fort, représentant dans la République comme sous la monarchie les intérêts permanents et supérieurs de la société, l’unité et l’indépendance de la patrie et la personnalité de la France dans le monde. Il voyait avec un chagrin profond et une vive appréhension de l’avenir compromettre ces grandes choses