Page:Depasse - Henri Martin, 1883.djvu/9

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l’allure si simple, presque timide et effarouchée, chez un homme qui est arrivé à l’une des premières places dans l’opinion de son pays et qui a été mêlé à toutes nos luttes politiques depuis plus de douze ans, toujours modéré, inflexible sur les principes, avec un désintéressement sans bornes et un détachement de toute grandeur officielle, sans aucun mélange d’orgueil ou d’arrière-pensée ; tout cela fait aussi de M. Henri Martin un homme à part, et nous dirons volontiers, comme il le disait de Carnot, un de ces hommes de Plutarque, tels qu’on se plaît à les imaginer à travers les lointains de l’histoire.

Sous le certain air froid et compassé du paysan, il recèle un cœur chaud, impeccable dans les choses de l’amitié, et une âme toute enflammée du feu des plus nobles passions. Les jambes longues et nerveuses, le tempérament sec et sobre, la santé robuste, infatigable à la marche et au travail, pouvant à son gré demeurer assis pendant des journées entières, en face de ses papiers amoncelés, ou se transporter dans tous les sens avec la rapidité et la légèreté d’une éternelle jeunesse, M. Henri Martin semble avoir reçu tout ce qu’il faut pour ac-