Page:Depasse - Henri Martin, 1883.djvu/8

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de réparation avant de mourir !… » Sa parole avait une profondeur de sentiment si vrai, elle était l’expression si fidèle d’une conscience juste, que nous n’en avons jamais peut-être entendu de plus touchante ; et le certain air inculte de celui qui parlait, une sorte de naïveté champêtre, devenue absolument rare et unique, le manque complet de toute forme de convention, ajoutaient encore à la beauté un peu étrange de ce tableau.

Désignant du doigt la statue de Carnot, « son austérité sans rudesse, disait-il, sa douceur grave, chez un si grand guerrier, une allure si peu militaire, ses mœurs de famille, la simplicité qu’il portait en toute chose, tout en faisait un homme à part, un de ces hommes de Plutarque, dans lesquels on n’a voulu voir que des types de convention et qui néanmoins se réalisent quelquefois pour l’honneur de l’humanité. »

C’est le grand Carnot que M. Henri Martin dépeignait en ces termes : il serait difficile de trouver en quelques lignes plus de traits qui lui convinssent parfaitement à lui-même. L’austérité sans rudesse, la douceur grave, les goûts de retraite et de science, les mœurs de famille,