Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
BETTY PETITE FILLE


du souillon, parvenant, non sans peine, à lui procurer des mains présentables.

Après le manucure, ce fut le pédicure. Léontine tombait lentement dans l’abrutissement le plus complet. Jamais elle ne se serait figurée que tant de choses étaient nécessaires pour gagner cent francs sur un matelas de laine.

Betty se complaisait à ce travail, non pas à cause de la besogne elle-même ; mais parce qu’elle avait la sensation d’entraîner une autre femme à la chute.

En outre, elle espérait bien accroître sa science par les essais de la servante, jugeant presque naturel qu’elle y assistât. Ainsi elle éviterait d’être contrainte de se donner elle-même, tout au moins pour l’instant.

Toujours existe chez la vierge, même la plus pervertie, cette répulsion instinctive de l’acte charnel ; c’est la défense de la nature. Sans elle, la chute deviendrait trop aisée, entraînant l’affaiblissement de la race, à cause de la précocité des enfantements.

Lorsque Léontine parut être dans un état voisin du raffinement obligatoire, c’est-à-dire qu’elle fut propre, Betty lui choisit une chemise, un pantalon et une combinaison dénichés parmi les lingeries maternelles. Le tout était bleu d’azur et d’une transparence très art moderne.