Page:Des artistes, première série, 1885-1896, peintres et sculpteurs, 1922.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

savait pas lui-même. Il quitta bientôt le commerce pour étudier la théologie. Il avait, paraît-il, une forte éducation littéraire et une tendance naturelle vers le mysticisme. Ces nouvelles études semblèrent un moment avoir donné à son âme la direction qu’elle réclamait. Il prêcha. Sa voix retentit dans les chaires, parmi les foules. Mais il eut de rapides déboires. La prédication lui apparut tôt comme une chose vaine. Il ne se sentait pas assez près des âmes qu’il voulait conquérir, ses paroles enflammées d’amour se heurtaient aux murs des chapelles et des cœurs sans les pénétrer. Il pensa que l’enseignement serait plus efficace ; et, abandonnant le prêche, il partit pour Londres où il s’établit maître d’école. Durant quelques mois il apprit aux petits enfants ce qui se passe en Dieu.

Évidemment tout cela semble assez étrange et décousu. C’est pourtant bien explicable. L’artiste impérieux qui était en lui s’ignorait encore ; il se noyait dans l’apôtre, se perdait dans l’évangéliste, s’égarait à travers des forêts de rêves qui lui étaient étrangères et obscures. Pourtant il sentait qu’une force invincible l’appelait quelque part, mais où ?… qu’une lumière s’allumerait quelque part, au bout de ces ténèbres, mais quand ? Il en résultait un déséquilibre moral qui l’incitait aux actions les plus disparates et les plus lointaines de lui. Ce fut à son retour de Londres que sa vocation éclata tout à